Qu’est-ce qu’une plante exotique envahissante?

Introduite de façon accidentelle ou volontaire, les plantes exotiques envahissantes (PEEs) sont des espèces végétales qui ne se retrouvent pas naturellement sur un territoire. Ce sont des espèces qui, par une utilisation très efficace des ressources ou un mode de reproduction particulier, peuvent se multiplier et se disperser rapidement.

Connaître les principales PEEs présentes dans la région

Au Québec, plusieurs espèces sont déjà communes et menacent l’équilibre de nos écosystèmes. En voici quelques-unes :

Renouée du Japon

La renouée du Japon est une herbacée vivace qui produit des tiges robustes tachetées de rouge ou de brun et creuses d’un diamètre de 1 à 4 cm semblables à des pousses de bambou. Cette plante peut atteindre deux à trois mètres de haut au cours de l’été. Cette plante se retrouve fréquemment en bande riveraine, mais également en milieu forestier et sur les terrains résidentiels. Elle est capable de se reproduire à partir de minuscules fragments de tige ou de racine qui peuvent demeurer en dormance jusqu’à 20 ans dans le sol, cependant aucune donnée scientifique n’est en mesure d’étayer cette hypothèse (Claude LAVOIE, 50 plantes envahissantes, p315). Sa croissance est très rapide et sa densité devient telle que très peu de plantes ne survivent sous son feuillage.

Roseau commun

Le roseau commun, ou phragmite exotique, est une graminée vivace de grande taille (3 à 4 m) qui se propage à l’aide de ses graines, de ses racines (rhizomes) ou de ses tiges rampantes (stolons). Cette espèce colonise surtout les marais et les fossés de route. Elle est d’ailleurs très répandue le long des emprises autoroutières. Une fois installée dans un milieu propice, une colonie de roseaux peut s’étendre sur des dizaines ou des centaines de mètres par année. Le roseau commun a un impact significatif sur l’aspect et l’intégrité des marais, puisque la densité de ses tiges, sa hauteur et l’abondance de matière organique qu’il produit chaque année empêche la croissance des autres plantes.

Berce du Caucase

La berce du Caucase est une herbacée vivace de 2 à 4 m de hauteur qui produit de petites fleurs blanches regroupées en ombelles. Disposées à la base des plants, ses plus grandes feuilles peuvent atteindre 1 à 2,5 m de longueur. Parsemée de taches bourgognes, ses tiges mesurent entre 4 et 10 cm de diamètre. Elle se retrouve principalement dans les milieux ouverts, dans des sols riches et humides, en bande riveraine, dans les fossés et le long des voies ferrées. Sa sève contient des toxines. Au contact avec la peau, si ces toxines sont activées par les rayons ultra-violets du soleil, elles  peuvent causer des lésions apparentées à des brûlures, douloureuses et parfois graves (brûlures du deuxième degré avec cloques) . En raison de sa toxicité, il n’est pas conseillé de tenter de la retirer : il est plus prudent de simplement signaler sa présence à la municipalité.

Myriophylle à épis

Le myriophylle à épi est une herbacée vivace submergée dont les feuilles sont disposées en groupes de 3 à 4 feuilles verticillées d’apparence plumeuse. Il est généralement retrouvé dans les lacs à une profondeur de 1 à 4 m, mais peut également atteindre des profondeurs de 10 m.

Le myriophylle à épis se distingue par sa prolifération rapide, un seul petit fragment de tige peut prendre racine et former un nouveau plant. Sous l’eau, les tiges se ramifient dans toutes les directions et produisent un tapis dense de végétation qui bloque la lumière aux plantes en dessous. Une fois bien établie dans un plan d’eau, cette espèce contribue à l’appauvrissement de la diversité des plantes aquatiques, en plus de nuire à la baignade, à la pêche et à la navigation de plaisance.  

 

Aujourd’hui, on retrouve le myriophylle à épis dans plus de 200 plans d’eau au Québec, dont le lac Saint-Charles. Sa méthode de propagation première est certainement l’activité humaine, car la présence de rampes de mise à l’eau pour les bateaux est un bon indice pour prédire sa présence dans un lac. Un fragment de tiges peut survivent hors de l’eau jusqu’à 35 heures en restant pris dans certaines parties des embarcations, par exemple dans l’hélice du moteur. D’où l’importance de bien nettoyer son embarcation ou d’attendre 48 heures au sec lorsque l’on passe d’un lac à un autre. 

Lutter contre les plantes exotiques envahissantes

Pour lutter contre les plantes exotiques envahissantes, il existe quatre approches dont les coûts et la faisabilité sont directement liés à la superficie envahie, qui augmente en fonction du temps écoulé depuis l’introduction.

1 – Prévenir : l’option la moins coûteuse

Plusieurs actions peuvent être mises en place pour prévenir l’introduction de plantes exotiques envahissantes sur votre terrain ou dans les milieux naturels que fréquentez. Voici une liste d’actions à privilégier :

  • Favoriser la plantation de végétaux indigènes sur votre terrain et en bande riveraine. Plus il y a d’arbustes et d’arbres dans vos aménagements, moins vous risquez d’y retrouver des plantes exotiques envahissantes, puisqu’elles ont tendance à s’établir dans les milieux dépourvus de végétation. De plus, en évitant l’achat ou la transplantation de végétaux exotiques, vous ne risquez pas d’introduire une plante exotique envahissante sans vous en rendre compte.
  • Limiter le relâchement de nutriments (phosphore et azote) dans l’environnement. Les plantes exotiques envahissantes affectionnent particulièrement les milieux enrichis en nutriments provenant de diverses sources comme les engrais, les installations septiques saturées, les déjections animales et l’érosion des sols.
  • Bloquer l’accès aux plantes exotiques envahissantes. Certaines espèces sont recommandées pour faire de la compétition aux plantes exotiques envahissantes en limitant leur accès aux ressources dont elles dépendent comme la lumière ou l’espace. Par exemple, le cornouiller stolonifère, l’aulne rugueux, le saule discolore, le saule de l’intérieur ou le sureau du Canada sont reconnus pour former des massifs denses d’une hauteur suffisante pour faire de la compétition à certaines PEEs comme la renouée du Japon.
  • En tout temps, éviter de jeter vos déchets verts, c’est-à-dire des résidus de végétaux issus de l’entretien de votre terrain, dans les milieux naturels à proximité, puisque si elles contiennent des fragments ou des semences de PEEs, vous risquez d’introduire de nouvelles PEEs.
  • Inspecter et nettoyer votre embarcation et votre équipement nautique. Pour en savoir plus, consultez le guide du CRE Laurentides disponible dans la section 5.4.5

2 – Détecter avant qu’il ne soit trop tard

La détection précoce des PEEs permet d’agir au moment où l’éradication est encore possible et peu coûteuse. En plus des informations contenues sur le site de l’APEL, plusieurs sources d’informations existent pour apprendre à bien identifier les PEEs.

Que faire si vous identifiez une PEE?

  1. La signaler aux autorités à l’aide de l’application Sentinelle.
  2. Si elle se retrouve sur votre propriété, informez-vous sur les solutions à mettre en place pour limiter sa propagation ou l’éradiquer. En plus des informations qui suivent, plusieurs références pertinentes sont listées dans la section 5.4.5

3 – Éradiquer lorsque possible

L’éradication d’une plante exotique envahissante est envisageable seulement lorsque la superficie d’une colonie est encore relativement faible et que vous disposez des ressources financières et techniques nécessaires. Plusieurs méthodes existent pour y arriver. Leur efficacité dépend de plusieurs facteurs comme l’espèce, le type de milieu envahi et la gravité de l’invasion.

4 – Confiner pour limiter l’expansion

En plus de prévenir leur introduction, la plantation de végétaux indigènes, plus particulièrement d’arbustes et d’arbres, peut être utilisée pour confiner une colonie de PEEs. Pour ce faire, il est recommandé de planter de deux à trois rangées d’arbustes au pourtour de la colonie à une densité de deux à trois arbustes au m2. Idéalement, les espèces utilisées devraient être de hauteur égale ou supérieure à la PEE une fois à maturité.

Voici des exemples d’espèces végétales indigènes pouvant être utilisées :

  • cornouiller stolonifère
  • aulne rugueux
  • aulne crispé
  • saule discolore
  • saule de l’intérieur
  • saule à tête laineuse
  • sureau du Canada.

Plusieurs sont disponibles dans notre catalogue de végétaux

Catalogue

La coupe répétée des tiges à l’aide d’un sécateur, d’une tondeuse ou d’un tracteur à gazon peut également limiter l’expansion d’une colonie en diminuant ses réserves d’énergie et en empêchant la production de graines. Il faut toutefois veiller à éliminer les résidus de façon responsable. La façon la plus prudente de le faire est d’emballer les résidus dans des sacs de plastique résistants de couleur noire, puis de le laisser plusieurs semaines au soleil avant de le placer au chemin avec vos autres déchets. Cette méthode peut être utilisée contre la renouée du Japon et le roseau commun.

 

 

Programmes de gestion ciblés

Cette approche est adoptée lorsque les possibilité d’éradication sont jugées impossibles. Ainsi, elle s’inscrit plutôt dans une démarche régionale basée sur une priorisation des espèces et des sites sur lesquelles intervenir. Pour ce faire, les gestionnaires doivent avoir un portrait de la répartition des PEEs le plus complet possible. C’est pourquoi nous vous encourageons fortement à signaler vos observations à l’aide de l’application Sentinelle!