Il est important de comprendre qu’une installation septique n’est pas un dépotoir et qu’elle a une capacité limitée de traitement.

Vous êtes propriétaires d’une installation septique ?

Voici un rappel des normes d’usage. En plus du danger qu’elle peut représenter pour la santé de votre famille et de vos voisins, une installation septique autonome défaillante peut être très dispendieuse à réparer ou remplacer. Une meilleure compréhension du fonctionnement de votre installation vous aidera à poser quelques gestes simples qui pourront améliorer son fonctionnement et prolonger sa durée de vie.

1 – Fonctionnement de la fosse septique

La fosse septique a pour rôle de retenir les matières solides (boue) contenues dans les eaux usées et d’en amorcer la décomposition (réduction du volume) grâce au travail des micro-organismes et à d’autres processus naturels.

2 – Importance du préfiltre et de son entretien

  • Les installations septiques plus récentes peuvent être munies d’un préfiltre à la sortie de la fosse septique qu’il est nécessaire de nettoyer 1 à 2 fois par année. Cet accessoire a pour fonction d’empêcher les particules solides de taille appréciable d’atteindre le champ d’épuration, dont elles accéléreraient le colmatage (obturation nécessitant de changer ou, lorsque possible, de mettre au repos le champ).
  • Faites preuve de prudence lorsque vous réalisez cette opération. Il n’y a pas d’oxygène dans la fosse, et elle contient des gaz qui peuvent être dangereux. Il est préférable de laisser la fosse s’aérer, suite à l’ouverture des couvercles, avant de procéder au nettoyage du préfiltre.

3 – Fonctionnement du champ d’épuration

  • Le champ d’épuration est conçu pour épandre sous la surface du sol les eaux usées qui ont été débarrassées de la quasi-totalité des matières solides lors de leur passage dans la fosse septique.
  • Les eaux usées, qui rejoindront les eaux souterraines alimentant les puits, devront au préalable être purifiées des contaminants qu’elles contiennent (bactéries, virus, etc.) par les micro-organismes qui nécessitent la présence d’un sol oxygéné (non compacté et situé au-dessus du niveau des eaux souterraines). Le non-respect de ces conditions risque de permettre aux contaminants d’atteindre les puits (le vôtre ou celui d’un voisin) et d’engendrer des problèmes de santé publique (gastro-entérites et autres).

4 – Recommandations pour un meilleur fonctionnement de l’installation septique autonome

  • Ne pas disposer dans les toilettes et éviers de substances qui ne peuvent pas être naturellement décomposées par les bactéries ou encore de produits qui sont toxiques pour la flore bactérienne (lingettes pour bébé, condoms, cotontige, tampons, litière pour chat, filtres à cigarettes, matières plastiques, peinture, solvants, pesticides, médicaments, produits nettoyants concentrés ou en trop grande quantité, savons antibactériens, etc.).
  • Ne pas utiliser de broyeur à déchets (augmente jusqu’à 20 % la matière organique à décomposer).
  • Ne pas compacter ou imperméabiliser le champ d’épuration (circulation motorisée, espace asphalté, cabanon, patio, piscine, etc.).
  • Ne pas planter d’arbres à moins de 2 mètres des composantes de l’installation septique autonome en raison de l’effet néfaste du réseau racinaire sur celles-ci (p. ex. : bris de tuyaux).
  • S’assurer de l’étanchéité des couvercles de la fosse septique afin d’éviter l’infiltration des eaux de ruissellement et de diverses matières solides.

5 – Responsabilités du propriétaire

  • S’assurer que les couvercles de la fosse septique sont dégagés et facilement repérables.
  • S’assurer du bon fonctionnement de son installation septique (relever les signes de défaillance).
  • S’assurer que les eaux de ruissellement (pluie) du terrain ne sont pas orientées vers le champ d’épuration (gouttières, drainage, etc.).
  • S’assurer du respect des recommandations du fabricant quant à l’entretien.

6 – Signes de mauvais fonctionnement de l’installation septique autonome

  • Odeurs désagréables près du champ d’épuration.
  • Sol spongieux ou humide en quasi permanence au-dessus du champ d’épuration.
  • Sol noir ou gris, ou flaque d’eau grise ou noire à la surface du terrain ou dans un fossé à proximité du champ d’épuration.
  • Herbe très verte et plus abondante au-dessus ou à proximité du champ d’épuration.
  • Présence de contaminants (bactéries E. coli, forte concentration de nitrates, etc.) dans l’eau de votre puits ou celui d’un voisin.
  • Refoulement d’égouts ou évacuation plus lente des eaux, dans les toilettes, bains, douches, lavabos, etc.

Foire aux questions sur les installations septiques

Q1 : Une installation septique, ça sert à quoi ?

Une installation septique permet de traiter les eaux usées des maisons qui ne sont pas raccordées à un réseau d’égout. Les installations septiques ont vu le jour tout d’abord parce que les eaux non traitées ou mal traitées sont un risque pour la santé publique, un risque de contamination des eaux souterraines et de surface destinées à la consommation humaine, ainsi qu’une menace pour les écosystèmes. Ces installations n’ont pas été conçues pour des quartiers en entier, puisque la densité des ISA a un impact direct sur les plans d’eau et les eaux souterraines (voir la question suivante).

Q2 : Est-ce qu’une installation septique est conçue pour des développements à haute densité?

Non. L’objectif initial de la construction d’installations septiques était de réduire les apports en coliformes fécaux dans les zones où le raccordement n’était pas possible. Les installations septiques ne devaient pas être une solution permanente pour des zones de fortes densités à caractère quasi urbain, notamment si l’alimentation en eau potable se fait par des puits individuels.

Q3 : Quels sont les impacts d’une forte densité d’ISA sur un territoire?

Une forte densité d’installations septiques peut faire en sorte que de l’azote, du phosphore et des contaminants d’intérêt émergeant se retrouvent dans votre puits. Une étude effectuée dans le secteur du Mont-Cervin a permis de déterminer l’impact des ISA sur un aquifère de roc fracturé (Ballard, 2004). Leurs conclusions présentent que les installations septiques peuvent avoir des impacts jusqu’à une profondeur de 50 mètres, en raison des chemins préférentiels qui laissent les contaminants chimiques et biologiques se frayer un chemin dans l’aquifère. Une fois dans l’aquifère, les contaminants peuvent se rendre plus rapidement dans les cours d’eau.

La figure suivante illustre les conséquences de l’urbanisation dans le bassin versant d’un lac donné : 

Q4 : Quelles sont les causes de défaillance d’une installation septique?

  • Mauvaise installation (localisation ou type de sol inadapté);
  • Surcharge hydraulique (drains ou gouttières dirigés vers le système);
  • Mauvaise utilisation (manque de connaissances des usagers);
  • Colmatage (graisse figée ou présence d’objets volumineux non adaptés jetés dans la toilette);
  • Présence d’éléments comme de la peinture, des solvants ou des nettoyants ménagers toxiques (préjudiciable à l’activité bactérienne);
  • Bris;
  • Vidange d’une piscine ou d’un spa vers l’installation septique (volume d’eau trop important);
  • Saturation du sol en phosphore (impossibilité de retenir davantage de ce nutriment);

Q5 : Quels sont les impacts potentiels des installations septiques sur les puits individuels?

Une forte densité des installations septiques autonomes entraîne des apports en azote, en phosphore et en contaminants d’intérêt émergeant dans votre puits, menaçant ainsi votre santé.

Q6 : Dans quelle situation le traitement d’une installation septique peut-il s’avérer inadéquat?

Le traitement de l’effluent des installations septiques peut s’avérer non adéquat en raison de plusieurs facteurs :

  • Sol non perméable ou trop perméable;
  • Dimensions du champ non adéquates;
  • Fosse septique non étanche;
  • Surutilisation du système par rapport à sa capacité;
  • Mauvais usage des installations septiques : peinture, solvants ou nettoyants ménagers toxiques qui nuisent à la décomposition de la matière organique par les bactéries;
  • Compaction du sol où le champ d’épuration se trouve (stationnement, circulation automobile, construction d’une piscine);

Les effluents mal traités peuvent alors contaminer les eaux souterraines et les puits. Le vidéo du réseau québécois sur les eaux souterraines illustre bien ce concept : 

Q7 : Mon installation est conforme au Q2-r.22. Cela peut-il dire que je n’ai pas d’impact sur l’environnement ?

Non. Le règlement conçu au début des années 1980 avait pour principal but de protéger la santé humaine. Ainsi, les systèmes n’ont pas été conçu pour protéger les cours d’eau. Les éléments nutritifs (phosphore et azote) et autres contaminants migrent vers les plans d’eau. De plus, selon l’OCDE, l’un des grands défis est d’effectuer la gestion des produits pharmaceutiques dans l’eau, puisqu’aujourd’hui, les ingrédients actifs des produits pharmaceutiques utilisés pour l’homme ou les animaux se chiffrent à 2000 (Burns, 2018), et de 30 à 90% de ces ingrédients administrés sont excrétés sous forme active dans l’urine ou les excréments (Bio Intelligence, 2013). Ces médicaments se retrouvent par la suite de différentes manières dans l’eau de surface, souterraine ou dans les écosystèmes terrestres.

Q8 : En faisant un bon entretien de mon installation septique, pourrait-elle avoir une durée de vie illimitée?

Non. La durée de vie utile d’une installation septique dépend certes de son niveau d’utilisation et de son entretien, mais aura toujours une durée de vie limitée. On parle habituellement de 20 à 25 ans d’utilisation en moyenne. À un certain moment, les installations cessent de fonctionner convenablement. Les problèmes ne sont pas toujours visibles à l’œil nu, puisque tous les processus se font dans le sol. Avec le temps, les composantes des installations se dégradent, ce qui peut par exemple rendre une fosse septique non étanche et en contact avec la nappe phréatique. Le sol naturel comporte également ses limites de traitement. Les installations septiques standards ne sont pas conçues avec l’objectif de réduire les rejets d’azote et de phosphore. Ces deux éléments contribuent à l’enrichissement des plans d’eau et à leur vieillissement prématuré.

Q9 : Quand je devrai refaire mon installation, quelles seront les solutions ?

À la fin de vie de votre installation, vous serez dans l’obligation de la remplacer, ce qui peut être très dispendieux.   

  • Si j’ai un petit terrain : Reconstruire une installation septique sur un petit terrain peut-être très coûteux. Un système d’épuration non étanche (par exemple un champ d’épuration modifié) ne peut pas être construit au même emplacement que le précédent. Avec un terrain qui comporte peu d’espace à la base, il devient difficile de respecter les exigences de la réglementation en place. Par exemple, cela implique que la municipalité doit approuver l’emplacement de l’élément épurateur, qui se doit de se situer minimalement à 30 mètres d’un puits ou d’un puits voisin s’il n’est pas scellé. Le champ doit être implanté dans un endroit exempt de circulation motorisée, d’arbres ou de compaction. La nature du sol est également un facteur qui peut éliminer un emplacement potentiel. Ces limitations peuvent obliger un traitement avancé, ou même une vidange totale si le terrain de permet pas l’implantation d’un système non étanche. Toutes ces solutions sont plus dispendieuses qu’un traitement classique.
  • Si j’ai un grand terrain : même si j’ai un grand terrain, les conditions du sol peuvent faire en sorte que les seules solutions disponibles soient très dispendieuses. 

Q10 : Pourquoi privilégier les réseaux d’égout dans un développement résidentiel ?

L’utilisation d’ISA devrait être privilégiée uniquement en cas d’isolement ou d’éloignement par rapport à un réseau collectif d’égout, c’est-à-dire lorsque les coûts de collecte des eaux usées sont prohibitifs (Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie de la France, 2013). Il a été démontré qu’une «trop grande densité de ces installations sur un même territoire est le facteur le plus important pouvant amener des problèmes de contamination à l’échelle régionale» (Ballard, 2004). Rappelons également que la présence d’une forte densité d’ISA et de puits individuels dans un même secteur peut entrainer une contamination croisée due à l’infiltration des contaminants issus des installations septiques dans les eaux souterraines, qui sont alors prélevées pour fournir de l’eau potable aux citoyens concernés. Un réseau d’égout a également l’avantage de retirer la responsabilité du citoyen en ce qui a trait à l’entretien de son installation septique autonome.

Q11 : Est-ce que la non-conformité de mon puits a un impact sur le prix de revente de ma maison?

Oui! Si une propriété est considérée comme étant un risque pour le créancier, elle perd de la valeur car l’acheteur aura de la difficulté à obtenir un financement hypothécaire.

Q12 : Est-ce qu’il y a un enjeu de revente de ma propriété concernant l’efficacité de mon installation septique?

Oui! L’acheteur et le créancier vont exiger une preuve de conformité de l’installation septique autonome, garantissant son bon fonctionnement et une bonne performance de toutes ses composantes. Sans cette preuve, un créancier peut refuser de faire un prêt hypothécaire ou exiger des mises de fonds substantiellement plus élevées à l’acheteur.

Q13 : Est-ce que la non-conformité de mon installation septique a un impact sur le prix de revente de ma maison?

Oui! Si une propriété est considérée comme étant un risque pour le créancier, elle perd de la valeur.

Q14 : La non-conformité d’une des composantes de mon installation septique peut-elle être considérée comme un vice caché?

Oui! Les recours de l’acheteur, selon la situation, peuvent permettre à l’acheteur d’obtenir une diminution du prix de l’immeuble, un remboursement des actions entreprises pour réparer le vice ou même la résolution de la vente. Toute non-conformité doit être déclaré par le vendeur dans la déclaration du vendeur.

Q15: Est-ce qu’une vente de ma propriété sans garantie légale me met à l’abri des tous les recours sur les vices cachés?

Non! De plus lorsqu’une propriété est vendue sans garantie légale, les prêteurs hypothécaires sont généralement plus exigeant et ils vont demander un rapport d’inspection par un professionnel.

L’exemple de Vertmont-sur-le-lac

Q1 : Pourquoi avoir ciblé le secteur de Vermont-sur le lac pour un raccordement ?

Dans secteur de Vermont sur le lac, la densité des installations septiques s’élève à 172 ISA/km2 (Apel, 2016). Or, une étude de l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA) recommande de ne pas dépasser le seuil de densité critique de 16 ISA/km2 (Yates, 1986). L’objectif du projet est d’évacuer l’ensemble des eaux usées pour pouvoir les traiter avec une meilleure performance. L’ensemble des exemples dans le monde démontrent d’ailleurs que c’est la seule façon de protéger des lacs de l’eutrophisation, même s’il y a de l’agriculture.

Vous n’êtes pas les seuls à faire l’objet d’un projet de raccordement à un réseau d’égout dans le bassin versant de la rivière St-Charles. Une étude de faisabilité est d’ailleurs en cours pour déterminer s’il est possible de raccorder les deux stations de traitement des eaux usées (Stoneham et Lac-Delage) en amont du lac Saint-Charles de même que les 900 installations septiques qui se situent dans le bassin versant du lac au réseau d’égout de Québec. La conclusion de cette étude sera disponible en 2022.

En 2016, le secteur de la rue Crawford/rue de la rivière/de la Colline à Stoneham a été raccordé puisque les terrains étaient trop petits pour refaire des systèmes adéquats et assurer une eau de qualité.

En 2018, le secteur du Mont Cervin à Lac-Beauport a été raccordé au réseau de Québec en raison de la trop grande densité et les problèmes de contamination de la nappe et des cours d’eau.

Q2 Le lac Durand est-il en fin de vie?

Non. La faible profondeur (2,5 mètres max.) et la présence de milieux humides aux abords du lac démontrent que le lac est en processus de vieillissement naturel. Le vieillissement d’un lac peut s’étaler sur des milliers d’années.

Q3 : Le vieillissement du lac est-il trop avancé pour que des mesures soient mises en place?

Non. « L’eutrophisation est un processus naturel à l’origine très lent, par lequel les plans d’eau reçoivent une grande quantité d’éléments nutritifs (notamment du phosphore et de l’azote), ce qui stimule la croissance des algues et des plantes aquatiques. Ce processus, peut s’étaler sur une période allant de plusieurs siècles à quelques dizaines de milliers d’années. Cependant, les activités humaines l’ont accéléré dans de nombreux lacs et étangs en augmentant la quantité d’éléments nutritifs qui leur parviennent, provoquant des changements dans l’équilibre de ces écosystèmes aquatiques » (Beuvry, 2010). Des mesures doivent être mises en place pour diminuer les apports en éléments nutritifs dans le lac. 

Q4 : Est-ce inutile de raccorder les installations septiques autour du lac Durand à un réseau d’égout?

Non. La faible profondeur du lac le rend sensible aux apports extérieurs, accélérant ainsi son processus d’eutrophisation. Pour inverser ce processus, mieux vaut prévenir les apports en éléments nutritifs et sédiments au lac. Un raccordement à un réseau d’égout serait un pas de plus vers l’avant.

Références :

Ballard (2004) Impact des installations septiques sur l’aquifère de roc fracturé du secteur résidentiel du Mont-Cervin, Lac-Beauport, Québec. Mémoire. Québec, Université du Québec, Institut national de la recherche scientifique, Maîtrise en sciences de la terre, 231 p.

Beuvry, 2010. « Eutrophisation d’origine anthropique ». http://beuvry.unblog.fr/2010/06/24/eutrophisation-dorigine-anthropique/.

Bio Intelligence, S. (2013). Study on the environmental risks of medicinal products. Executive Agency for Health and Consumers.

Burns. (2018). Application of prioritization approaches to optimize environmental monitoring and testing of pharmaceuticals. Journal of Toxicology and Environmental Health Part B. 21, 115-141.

OCDE. (2019). Pharmaceutical Residues in Freshwater: Hazards and Policy Response. Paris: OCDE.

INRS, 2004. http://espace.inrs.ca/id/eprint/1356/1/T364.pdf.

Ministère de l’Écologie, du développement durable et de l’énergie de la France, 2013.

Withers, P. J. A., May, L., Jarvie, H. P., Jordan, P., Doody, D., Foy, R. H., … & Deal, N. (2012). Nutrient emissions to water from septic tank systems in rural catchments: Uncertainties and implications for policy. Environmental Science & Policy, 24, 71-82.

Yates, M. V. (1985). Septic Tank Density and Ground‐Water Contamination. Ground Water, 23(5), 586-591.